Le Plancher en Bois Parisien à Solives d’Enchevêtrures expliqué

L'origine du plancher à solive d'enchevêtrure

Rapidement, les planchers à solives filantes (voir article : le plancher en bois parisien à solives filantes expliqué) voient leurs systèmes constructifs modifiés. Car cette disposition exigeait beaucoup d’empochements qui affaiblissaient la maçonnerie et multipliait la charge de travail. On est donc passé  de l'empochement de l'intégralité des solives à l’empochement d’une seule solive par trumeaux (espace entre 2 ouvertures). Les autres solives étaient en appui sur une lambourde bois placé en sous-œuvre du solivage le long du mur maçonné. Ces lambourdes (1) étaient en appuis sur des corbeaux en pierre ou en fer, scellés au mur maçonné.

Corbeau en fer, entrevous, lamourde, solive

Plancher haut avec appui sur lambourde en sous-œuvre.

Le concept : solive / chevêtre / enchvevêture

Cependant, une autre méthode permettant de limiter les empochements s’est généralisée : le plancher à l’enchevêtrure (2). Des solives d’enchevêtrure sont placées entre chaque trumeau (soit 1 au milieu, soit 2 aux extrémités) et elles sont empochées sur l’épaisseur du mur maçonné (environ 35cm, contre 20cm pour les empochements de solives), des tirants à ancre sont connectés à celle-ci. Perpendiculairement à ces poutres, d’autres pièces de section similaire sont mises en œuvre, des chevêtres. Ils porteront les solives intermédiaires.

Solive intermédiaire, chevêtre, solive d'enchevêtrure

Plancher haut à enchevêtrures.

Les travées ou enchevêtrures (2) sont multiples dans un étage, il faut savoir que pour éviter de trop réduire localement la section des enchevêtrures, les chevêtres sont placés en quinconce, cette quinconce est défini par l’entraxe du solivage (33cm généralement). Le cas échéant, les chevêtres sont toujours placés le plus proche des murs porteurs (en gardant quand même un espace de 10cm minimum). Quand cela n’est pas possible, il convient alors de placer un « faux chevêtre » pour couvrir l’espace entre le chevêtre et le mur.

Faux chevêtre, solive intermédiaire, chevêtre, solive d'enchevêtrure

Plancher haut à enchevêtrures schématisé.

Les assemblages : tenon / étrier / ancre

Les solives d’enchevêtrures sont donc empochées dans les 2 refends (mur maçonné ou mur en pan de bois) en plus de l’empochement, un tirant à ancre est ajouté. Il s’agit d’un fer plat qui est troué d’un côté pour permettre le "tirefonnage" de la poutre (partie hors du mur) et qui à l’autre extrémité se termine par un œil chantourné dans lequel une ancre en fer de section carrée de 25mm et de 25cm de longueur insérée (partie noyée dans le mur).

Tirant à ancre, tirefond, étrier

Connexion au droit d’une solive d’enchevêtrure empoché dans un mur maçonné.

Trou pour tirefond, oeil chantourné, platebande en fer, ancre, talon

Détails d’un tirant à ancre / assemblage utilisé en plus de l’empochement d’une solive d’enchevêtrure.

Les chevêtres sont assemblés aux solives d’enchevêtrures avec des tenons renforcés (3) auquel est ajouté un étrier en fer. La base des chevêtres est entaillée proprement pour obtenir un bon interfaçage bois/fer. L’étrier, bien souvent absent, est nécessaire à la bonne tenue de la travée de plancher, sauf si celle-ci est composée de 2 solives.

Tenon renforcé, chevêtre, étrier, tirefond

Étrier de jonction chevêtre / solive d’enchevêtrure vu de dessus.

Entaille à la base du chevêtre pour pose de l'étrier

Étrier de jonction chevêtre / solive d’enchevêtrure vu de dessus.

Les solives et les faux chevêtres sont assemblés aux chevêtres avec des tenons renforcés. Aucun autre assemblage n'est nécessaire. Parfois, cette connexion est substituée par une paume avec tasseau.

Solive intermédiaire, cheve^tre, tenon non renforcé

Tenon non renforcé sorti de la mortaise du chevêtre (instable, mais pratique pour l’explication).

Les règles de l'Art du plancher ancien le plus répandu

-- Les solives d’enchevêtrure ne doivent jamais être placées sur des linteaux ou sur des voussoirs, pour limiter au maximum les dégradations par l’humidité et le cumul des flèches (4).

 

-- Les chevêtres de 2 travées différentes ne doivent jamais arriver aux mêmes endroits sur l’enchevêtrure, car la charge serait trop importante et sa section serait trop fortement réduite due aux mortaises.

 

-- Les chevêtres doivent être surdimensionnés quant à leur utilisation, car il y a de fort risque de gerce aux droits des mortaises de toutes les solives ( plus de la moitié des chevêtres dans Paris doivent présenter ce défaut/désordre).

Gerce dans un chevêtre

Chevêtre gercé au droit de ces mortaises recevant les tenons des solives.

-- L’intégralité des solives doit être dimensionnée (assemblages compris) pour reprendre les cloisons mobiles, en aucun cas les cloisons ne peuvent être considérées comme autoportantes entre les étages. Le plâtre utilisé n’étant pas homogène, il est impossible de lui y attribuer des propriétés mécaniques. Attention, souvent, les cloisons sont devenues porteuses.

Fissure d'une cloison en compression

Cloison avec fissure de décompression due au fléchissement de la solive porteuse.

-- Lorsque sur un plancher les solives sont longues et hautes, une crémaillère entaillée est placée au milieu de leurs portées par le dessus pour bloquer leurs déversements. On considère empiriquement qu’une solive doit être bloquée quand sa longueur dépasse 40 fois sa largeur ( par exemple, ma solive fait 8cm, il faut la bloquer en son milieu si elle mesure plus de 40*8/100 = 3.2 mètres), avec des calculs au finale elle portera probablement sur 4,5 mètres sans aucun blocage (d'où l'utilité d'un bureau d'étude 😉).

Crémaillère entaillée à mi-hauteur des solives pour éviter leurs déversement

Plancher bas avec crémaillère pour contrer le déversement des solives.

-- Nous n’avons pas abordé les règles concernant la protection au feu qui fera l’objet d’un autre article étant donné qu’elle est assez complexe et nombreuse au vu du nombre d’incendies qu’a connus la France. Notamment celui de Rennes entre 22 et le 27 décembre 1720 qui a provoqué une dizaine de morts et détruit plus de 800 maisons. Lien pour en savoir plus sur l'incendie : https://metropole.rennes.fr/il-y-300-ans-le-grand-incendie-de-rennes.

Nota Bene

1. Parfois, par esthétisme, la lambourde est remontée dans le plan du solivage, l’assemblage solive / lambourde est alors réalisé par un assemblage en tenon renforcé ou à jonction de et l’assemblage ce faisait en tenon ou en paume.

 

2. L'ensemble de la disposition formée par deux solives d'enchevêtrure, et un chevêtre intermédiaire porte le nom d'enchevêtrure.

 

3. Lorsqu’une partie oblique est présente à l'emplacement de l'épaulement, on dit que l'assemblage est à épaulement renforcé ou tenon renforcé.

 

4. Si une solive de milieu de travée appuie sur un chevêtre (donc en son milieu), qui lui-même appuie sur une solive d’enchevêtrure à 40cm de son empochement qui appuie à son tour au milieu de la portée d’un linteau. Qu’on associe les flèches suivantes aux éléments : solive 30mm, chevêtre 15mm, enchevêtrure (à 40cm) 5mm, linteau 10mm. Alors, la flèche cumulée sera de 30+15+5+10 =60mm. Il y aura donc un delta de 6 centimètres entre le point le plus haut du plafond et le point le plus bas (les flèches prises en compte sont très favorables, le delta est souvent plus autour des 15/20cm).

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